Jacqueline CHASSAGNOLE,
une infirmière du Maquis
Ce témoignage a été recueilli en octobre 2008 par Lucie MARTINAL, élève de Terminale L.
"J’ai recueilli le témoignage de Jacqueline CHASSAGNOLE, aujourd’hui âgée de 90 ans, qui habite à côté de chez moi sur le plateau d’Hauteville. Résistante de la première heure, elle s’est engagée – comme infirmière – dans le Maquis entre Grenoble et Nantua.
Parisienne au début de la guerre, elle a accueilli chez elle des Juifs, des gens recherchés... C’était le début de l’entraide, de la Résistance. Plus tard, sa mère, inspectrice des cadres aubergistes, insista pour qu’elle rejoigne le Maquis.
Discrète, réservée, elle a préféré me parler des femmes qui, selon elle, se sont vraiment engagées, comme Germaine TILLION.
Mais une goutte d’eau qui se joint à d’autres gouttes d’eau ne peut-elle pas devenir un océan?
Peu à peu, elle a parlé d’elle. Elle m’a avoué avoir aidé deux fillettes juives à quitter Paris pour Briançon par le train. Là, elles devaient retrouver leurs mère, oncle et grand-père: action peu ordinaire qu’elle me présente comme très banale. "C’était facile" me dit-elle car les petites avaient des faux papiers. Quand je lui ai demandé si elle avait eu peur durant ce voyage, elle m'a dit avoir oublié. En tous cas, elle rentra chez elle avec un jour de retard pour apprendre que son frère avait été arrêté par la Gestapo.
A la Libération, elle se rendit dans les camps de concentration pour trouver les traces de son frère; elle put ainsi se rendre pleinement compte de la barbarie de ce système qui lui avait pris son frère.
Dans le Maquis, elle avait le grade de sous-lieutenant, ce qui lui permit d’assister durant une journée au procès de Nuremberg. "Pas besoin d’engendrer l’horreur, seulement les faits sont utiles pour établir la justice." m’a-t-elle dit en ce dimanche d’octobre. Il n’y a pas de guerre juste, mais il y a des guerres nécessaires et il était nécessaire de faire la guerre contre le nazisme. C’est dans cette conviction qu’elle puisa son espoir à mener un combat juste, dans sa jeunesse comme plus tard.
Plus les souvenirs remontaient, plus elle pensait à ses proches, à tous ces jeunes qui étaient morts, et plus elle était bouleversée.
Son engagement ne s’est pas terminé avec la guerre; aujourd’hui encore, elle s’insurge contre les inégalités, les injustices, la politique actuelle, les atteintes aux droits de l’Homme comme les fichages ou la prison de Guantanamo."
Lucie MARTINAL,
texte écrit en novembre 2008 pour la commémoration du 11 novembre
Photo prise par Lucie lors de ses échanges avec Mme Jacqueline CHASSAGNOLE
1. De Paris au Maquis de l'Ain
2. Représailles allemandes contre les actions des maquisards - anecdotes
3. Les femmes dans la Résistance
5. La vie matérielle était très difficile
6. Engagements dans la Résistance
7. Maquis, représailles, déportations
8. Ouvrir sa porte, ou la fermer ...
9. J'ai connu des événements très importants ... de 1936 à 1945
10. Les proches qui ne sont pas revenus
11. Les modes mémorielles, l'exemple des enfants juifs
12. Dans le Maquis avec des blessés
Représailles allemandes contre les actions des maquisards - anecdotes
La vie matérielle était très difficile
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Ouvrir sa porte, ou la fermer ...
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