Prix du civisme
juin 2011
A l'occasion de la remise du prix du civisme par M. le Préfet en juin 2011, Elisabeth Serfaty, professeur d'histoire, raconte comment sont nés, puis se sont développés les projets "Résistance Mémoire", mis en oeuvre depuis plus de 17 ans au lycée Lalande.
En 1995, un groupe de dynamiques « Messieurs retraités », parmi lesquels Messieurs MARINET, PARISET, MARTIN, se sont présentés au lycée racontant des « Histoires peu ordinaires de lycéens ordinaires», histoires prêtes à être éditées dans une belle brochure, dont ce fut le titre.
Un peu surpris, nous avons découvert ce qui s’était passé au lycée Lalande pendant l’occupation (La plupart d’entre nous n’étant pas originaires de la région, mutations obligent) et nous avons vite compris l’intérêt pour nos élèves.
Ces anciens lycéens avaient participé à des actions de Résistance au lycée Lalande entre 1940 et 1944, à la création des FUJ (Forces Unies de la Jeunesse) en 1942, et, pour certains, été victimes d’une première vague d’arrestations en 1943 (dont celle de Paul Morin), puis de la rafle du lycée le 5 juin 1944 les menant vers la déportation en Allemagne et en Pologne. Ces activités ont valu au lycée la médaille de la Résistance en 1946.
Constitués en association, ils souhaitaient témoigner mais aussi transmettre des valeurs et dialoguer avec les nouvelles générations de lycéens.
Une riche collaboration s’est donc développée entre enseignants - épaulés par leur administration -, élèves et anciens élèves, rythmée par des temps forts:
* Une grande conférence chaque année avec les élèves de Terminales qui ont ainsi pu échanger avec des personnalités de dimension nationale : Marie José Chombart de Lauwe, Serge Ravanel, Raymond Aubrac, le procureur Truche... pour n’en citer que quelques uns.
* Moment essentiel pour les élèves : la venue chaque année en classe des anciens Résistants du lycée: précision des souvenirs, émotions souvent, petites phrases ... Sur le rôle du témoin: « Ce n’est pas la vérité, mais notre vérité », sur le sens de l’engagement: « Les armes n’ont pas d’âme, mais il y a des causes justes »; M. Figuet conseillait, en 2011, aux 1ères Littéraires « de ne pas passer sa vie à brouter »... car « on est si peu de chose et tellement quelque chose »... (On voit que l’on dépasse nettement le cadre du simple souvenir).
Mais surtout, les élèves se sont vu confier de plus en plus de responsabilités dans ces contacts, ont pris des initiatives :
* En 1996, certains ont voulu organiser un voyage au camp du Struthof où le père de Monsieur Marinet est mort.
* D’autres, plus récemment, les élèves de l’option cinéma, ont réalisé un film avec les Résistants.
* Chaque année, un groupe de volontaires, élèves de terminales, prennent en charge l’organisation de la cérémonie du 11 novembre au lycée (choix de thèmes, textes, musiques...) devant leurs camarades rassemblés, pour la circonstance, dans la cour d’Honneur.
La liste n’est pas exhaustive. Des collègues de français, de philosophie, d’arts plastiques et même d’anglais et de mathématiques se sont joints à ceux d’histoire-géographie dans un travail interdisciplinaire et intergénérationnel. Sans oublier la présence aux côtés des enseignants de Danielle et Martial Poncin (Personnels d’accueil) ainsi que celle de l’administration, quelle que soit l’équipe dirigeante.
Aujourd’hui les anciens Résistants sont moins nombreux, mais leurs témoignages ont été enregistrés, filmés, placés sur le site de l’association pour les nouvelles générations.
Le travail d’histoire et le devoir de mémoire restent bien vivants au lycée Lalande.
Elisabeth Serfaty – Juin 2011 – Préfecture de Bourg-en-Bresse