LA DÉLATION SOUS L’OCCUPATION

 


SOMMAIRE
* La délation
* La presse délatrice
* La radio délatrice et pro-allemande
* Le contrôle de l'information


LA DÉLATION
Préambule
Selon "Historia" n° 39, les services allemands reconnaissent avoir reçu 3 millions de lettres anonymes
Selon Amouroux ("La grande histoire du peuple français sous l’occupation") c’est deux millions
Il faut savoir que des postiers Résistants ont pu en intercepter un certain nombre
Qui sont les délateurs ?
Des Français pro-nazis
Des Français maréchalistes
Des délateurs salariés: de 600 à 900F par personne dénoncée
Des délateurs par cupidité:
pour des primes importantes. Exemple: pour l’assassinat d’un officier allemand, 15 millions de francs; pour des sabotages du chemin de fer, 1 million de francs
Pour éliminer un concurrent juif (commerces, entreprises, médecins)
Des délateurs stupides: voisin gênant, querelle de limite de propriété, mari jaloux, amant, etc...
Des délateurs par lâcheté:
pour se protéger d’ennuis éventuels (voisins résistants) ou de représailles aveugles
Des délateurs malgré eux: des résistants ont pu être amenés à livrer des renseignements sous la torture. Nul ne pouvait prétendre à l’avance ne pas craquer tant les techniques d’interrogatoire de la Gestapo et de la Milice pouvaient être d’une absolue cruauté
À qui s’adressent les délateurs?
L’administration française: Sous-Préfet, Préfet, Maire, Haut-Commissariat aux affaires juives
Police des Renseignements Généraux
Gendarmerie
La Milice (missions d’enquêtes policières et missions de combat)
Les Allemands: Kommandantur (ex: Lucien Bocquet de l’AS de Bellegarde, dénoncé à la Kommandantur de Gex comme résistant dangereux, sauvé par une femme de ménage qui avait vu la lettre sur le bureau du chef et l’avertir)
Gestapo (ex: Marius Marinet, chef de secteur de l’AS, dénoncé par un agent français de la Gestapo et déporté)
Abwehr
Qui sont les victimes de la délation ?
Les Résistants (Armée Secrète, mouvements divers)
Les maquisards (ex: L’état major de Romans-Petit à peine installé dans la ferme de la montagne a été, en février 44, immédiatement attaqué par les Allemands, donc dénoncé. Cette attaque a fait une dizaine de victimes)
Les hommes et femmes de gauche (ex: Marius Pinard, instituteur, résistant socialiste, assassiné par les tueurs français de la Gestapo)
Les juifs
Les francs-maçons
Les "gêneurs": voisin, belle-mère, épouse, amant, mari, pratiquant du marché noir…
Comment dénonce-t-on?
Verbalement, à l’autorité française ou allemande. Exemple: l’indicateur Michaille d’Arlod vu, se rendant de nuit, à la Kommandantur de Bellegarde
Par lettres signées ou anonymes
Par la presse collabo ( voir dossier ci-dessous: La presse délatrice )
Par la radio collabo ("Radio Paris".)
Analyse du phénomène
L’ampleur du phénomène permet de dire que l’opinion publique française a été pourrie par les encouragements à la délation, directs ou indirects, prodigués par la presse collaborationniste, la radio d’état, les autorités allemandes.
L’argent et l’idéologie ont été les deux moteurs du délitement de l’esprit citoyen et de l’honnêteté.
C’est là l’un des grands crimes imputables au maréchal Pétain et au régime politique qu’il a instauré.
La contre-délation
Pour décourager les collaborateurs et propagandistes connus, la résistance a été amenée et à faire publier par "Radio Londres" des avertissements, menaces de représailles et des listes nominatives. Les journaux clandestins ont fait de même. Il y eut même une campagne de "plasticage", c’est à dire de destruction par une charge d’explosifs légère, de vitrines et de devantures de commerçants notoirement collaborateurs.
Compte tenu de la massification de la propagande pétainiste et allemande et de la disproportion des forces en présence la résistance a été conduite à conduire ces actions, peut-être discutables, mais imposées par le contexte et l’enjeu.
Sources
André Halimi (La délation sous l’occupation), Henri Amouroux (La grande histoire des Français sous l’occupation), Pierre André Taguieff (L’antisémitisme de plume. 40/44), Cristal 4, archives personnelles.

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LA PRESSE DÉLATRICE
Ses thèmes :
antisémitisme virulent
anti "hommes de gauche" (anarchistes, communistes, socialistes, syndicalistes, intellectuels regroupés le plus souvent par l’ennemi sous le vocable de "communistes")
anti francs-maçons, coupables de républicanisme
anti gaullistes et anti résistants, regroupés sous le vocable de "terroristes".
Son slogan :
"Quiconque n’est pas avec nous est contre nous"

 


 

Cette liste n’est pas exhaustive. De nombreuses autres publications ont paru plus ou moins régulièrement. Le contenu des journaux et revues cités est infiniment plus important que ne le montre cette étude. Nous nous en sommes tenus aux renseignements et citations les plus explicites.

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LA RADIO DÉLATRICE ET PRO-ALLEMANDE
RADIO PARIS : seule radio française autorisée.
Pierre Dac, depuis Radio Londres, chantait : "Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand."
Speaker : Jean Hérol Paquis, membre du PPF, ancien speaker de Radio Saragosse, poste franquiste pendant la guerre d’Espagne.
Speaker n° 1 : Philippe Henriot, très éloquent. Il exerce une telle influence sur l’opinion française que la résistance a résolu de l’abattre le 28 juin 1944.


LE CONTRÔLE DE L’INFORMATION

L’AGENCE "TRANSOCEAN" sous le contrôle de Laval et de Otto Abetz, fournit des fonds à :
L’agence télégraphique "INTER France INFORMATION" qui diffuse les nouvelles falsifiées par Goebbels.

Les journaux régionaux sont mis sous influence et censure suite aux Etats Généraux de la Presse organisés par Sordet. À noter que le Progrès de Lyon se saborde, le 11 novembre 1942 pour échapper à la censure.

Il n’existe aucun journal d’opposition, d’où la création de la presse clandestine.
Il n’existe aucune radio d’opposition, d’où la rubrique de Radio Londres : "Les Français parlent aux Français".


Jean MARINET

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