LA POLITIQUE DE VICHY

 

L’armistice ayant été signé le 24 juin 1940, le gouvernement du Maréchal Pétain voulut suivre sa propre logique.

 

Puisqu’il avait reconnu la défaite française, il lui parut nécessaire, voire indispensable d’admettre et de proclamer:

- que la France avait eu tort de déclarer la guerre à l’Allemagne,

- que le peuple allemand était dans le vrai en optant pour le Nazisme,

- que la Pologne avait bien cherché ce qui lui arrivait,

- que les gouvernements précédents avaient amené les Français à "mourir pour Dantzig",

- que la Grande Bretagne, belliqueuse, voulait poursuivre la guerre contre tout bon sens,

- que l’Angleterre, perfide Albion, restait bien l’ennemie héréditaire de la France,

- que, d’ailleurs, elle connaîtrait l’invasion, après avoir été durement bombardée,

- que le Nazisme avait vu juste en optant pour la politique antisémite.

 

Partant de ces données, après s’être vu accorder les pleins pouvoirs, ce gouvernement:

- prit des mesures antidémocratiques, totalitaires,

- s’engagea résolument dans la collaboration avec l’Allemagne qui ne l’avait pas, ou pas encore exigé,

- adopta, de sa propre initiative, des décrets draconiens contre les juifs.
Cette politique, au fil des années d’occupation, se durcit; le gouvernement du Maréchal se compromit de plus en plus avec l’Allemagne nazie, à tel point que ses actes, ses décrets-lois apportèrent une aide efficace à l’effort de guerre allemand. Certes les occupants se montrèrent de plus en plus exigeants, mais les gouvernements successifs de Vichy acceptaient les demandes, ne les refusaient presque jamais, et parfois les devançaient.

Cette politique de ce fait confinait à de la trahison.

 

Parmi de nombreux exemples, on peut citer:
- les rafles d’Israélites en Zone Nord en 1942, puis à partir de 1943 en Zone Sud;

- après les accords signés par Bousquet, chef de la police de Vichy, les Résistants qui furent arrêtés par cette police furent livrés à la Gestapo; les documents et archives concernant la Résistance, saisis par la police française, furent remis au Sicherheitsdienst;

- en 1942, avant même l’occupation de la zone sud par la Wehrmacht, le général Delmotte du ministère de la guerre de Vichy, avait accordé spontanément aux Allemands la possibilité d’amener en Zone Sud, non occupée, des camions goniométriques pour la détection des émetteurs-radio. Ces véhicules allemands avec immatriculation française, mais conduits par des Allemands en civil, munis de faux papiers d’identité délivrés grâce à Delmotte, purent repérer et arrêter des Résistants. Des centres avaient été mis à la disposition de ces spécialistes allemands, ainsi le château de Charbonnières près de Lyon.

 

François-Yves Guillin, janvier 2006