Soixantième anniversaire du 5 juin 1944

5 juin 2004

 


SOMMAIRE
Marcel Rosette
Pierre Figuet
Croquis exposés
Article du Progrès

 

Marcel ROSETTE


1940 : la Résistance naît au lycée Lalande.
Juin 1944. C’est la capitulation. Mon père, Mauricien d’origine et donc citoyen britannique, connaît l’anglais et écoute la BBC à radio Londres. Le 18 juin, il entend, et approuve l’appel du général de GAULLE. Arrive juillet et les vacances. Par un décret de PÉTAIN, mon père, médecin à Chavannes sur Suran est déchu de la nationalité française avec interdiction d’exercer son métier. Profond émoi à Chavannes et dans les villages environnants. Une pétition se couvre de signatures. Le préfet de PÉTAIN finit par céder devant l’opinion publique.

La Résistance vient de commencer dans la région.

C’est dans ces conditions qu’en octobre je rentre au lycée; je n’ai pas encore 15 ans. Quelle ambiance dans la "bahut"! Le gouvernement vichyste étrangle la laïcité. Le ministre de l’enseignement parle d’installer des crucifix dans chaque classe. les professeurs sont au diapason de l’ensemble des Français… ils espèrent malgré tout que PÉTAIN servira de bouclier face à HITLER.

Que faire alors si ce n’est discuter, chercher, détecter des sympathies pour la Résistance ?

Tout commence par des gestes puérils. À quelques uns, nous volons des craies et nous inscrivons sur les murs et les tableaux: "VDG" (Vive de GAULLE). En lettres majuscules manuscrites, nous fabriquons de courts tracts avec… "notre de GAULLE qui êtes à Londres …". À la fin de 1940, je fais la connaissance de Paul PIODA qui tient un magasin sur le chemin du lycée. Paul PIODA deviendra une grande figure de la Résistance à Bourg et dans l’Ain et ne reviendra pas de déportation. Grâce à lui, j’introduis au lycée des photos du général de GAULLE (en tenue de colonel). Mon voisin de classe, Pierre FIGUET, est mon premier preneur. Petit à petit, le climat change. Au fur et à mesure, des professeurs affirment leur sympathie pour la Résistance, tels MM : GARET, MERLE, MANDOUZE, COCHET…. Dès l’été 41, nous commennçons la diffusion des journaux "Combat", «"ibértion", "Franc-Tireur". Par contre, à partir d’octobre, on nous octroie un professeur d’ "ordre moral", Mr JOLION, chargé de la propagande pour PÉTAIN. Le lundi main et le samedi midi, dans la cour d’honneur nous devons assister au lever et à la descente du drapeau en chantant : "Maréchal nous voilà…." Nous remplacions alors maréchal par général et cherchions ainsi de nouveaus adeptes. En novembre 1941, Paul MILLET, originaire lui aussi de Chavannes, diffuse dans sa classe un texte où le Maréchal FOCH critiquait le comportement de PÉTAIN en 1918 … : exclusion du lycée pendant un mois!

Puis, en 1942, avec les élèves instituteurs transférés au lycée, c’est la création de la première orgaisation de Résistance : les FUJ (Forces Unies de la Jeunesse).

Le 13 septembre, PÉTAIN vient à Bourg. Après une messe à Notre Dame, dite par l’évêque de Belley, il arrive au Champ de Mars où il y a foule pour l’acclamer. Avec quelques copains, nous essayons de manifester, mais nous renonçons vite…. tant les Bressans sont encore nombreux derrière le Maréchal. Mais cela n’mpêche pas notre classe, en défilant dans les rues de Bourg pour aller au stade, de chanter, à l’initiative de notre professeur d’ éducation physique Marcel COCHET : "Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine…" à la barbe des soldats de la Wehrmacht.

Parce que la Résistance a commencé dès 1940 avec des hommes et des femmes en petit nombre, mais déterminés, avec de faibles moyens, mais inventifs, elle va alors s‘amplifier et s’élargir partout, au lycée, à Bourg, dans l’Ain. Le 15 mars 1943, avec Paul PIODA, nous organisons à la gare, devant le siège de la GESTAPO situé à l’hôtel TERMINUS, une mainifestation contre le départ du premier convoi de jeunes STO en Allemagne. Certains s’échapperont.

Ensuite, organisé à l’AS, je passe mes vacances d’été comme agent de liaison entre le maquis de Chavannes et le PC du Colonel ROMANS. Enfin, jusau’à la Libération je termine mon engagement dans la Résistance au 1er Bataillon FTP.

Résister, c’était en même temps dire NON à l’oppression, rêver à un autre avenir, et agir pour y parvenir.


Marcel ROSETTE
Médaille de la Résistance,
Chevalier de la Légion d'Honneur

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Pierre FIGUET


De la sixième à la Terminale, pendant sept ans, j’ai été interne dans ce lycée Lalande.
Pas tout à fait sept ans: sept ans moins une heure, puisque j’ai été arrêté pendant la dernière heure de la dernière épreuve du bac …
C’était ici même, à l’endroit précis où vous me voyez en ce moment. Le général de la Milice lui même m’a frappé des poings et des pieds. C’était un commencement.
Je suis rentré un an plus tard presque exactement, le 11 juin 1945, en uniforme de l’Armée Rouge.
En cette période de commémoration du débarquement, renouvelons nos remerciements à nos amis anglais et américains. Mais n’oublions pas l’Armée Rouge.
Et pensons à nos camarades, en France, torturés, déportés, fusillés. Ils avaient votre âge, lycéens d’aujourd’hui, quand leur vie s’est arrêtée.
Avant de faire le tour des 5 tableaux des scènes qui ont ponctué ce jour du 5 juin 1944, je vous propose de nous recueillir un instant en silence.
Merci.

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CROQUIS EXPOSÉS


Croquis attaque rue Teynière

 

5 juin 1944 au lycée Lalande
Les élèves de Terminale passent le bac.
11 heures: en ville: un groupe de Résistants tombe dans un piège. Deux d'entre eux sont blessés et faits prisonniers par la Milice (qui a elle-même un blessé).

13h30: Jean Marinet, chef de Trentaine, qui a pu s'échapper, fait prévenir Pierre Figuet, chef de Sizaine, de la capture de Roger Guettet.

 

Croquis dans la cour d’honneur

 

 

16h: les miliciens envahissent le lycée, réunissant professeurs et candidats dans la Cour d'honneur. Ils appellent par leurs noms les dix Résistants effectivement présents, les brutalisent et les arrêtent.

 

Croquis départ en camion pour St Amour

17h30: après la fouille, sans résultats, les dix Résistants ainsi qu'une trentaine de professeurs et élèves sont transférés en camion à Saint-Amour, où est installé le Q.G. de la Milice.

 

Croquis au QG de la Milice

22h à minuit: les Résistants sont "interrogés" et tabassés individuellement. L'un deux, Pierre Figuet, est confronté à Roger Guettet, allongé sur une civière, qui confirme son accusation.
(En Normandie, ce 6 juin 1944, le débarquement va commencer...)

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Article du Progrès

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